Traduire in Sequanos comme Napoléon III 

  Impossible pour Napoléon III d’accepter l’idée que les Romains aient pénétré dans le Jura des Séquanes puisqu’ils les avait mis d’autorité en Bourgogne !  Pour lui comme pour tous les partisans d’Alise-Sainte-Reine, César aurait fait quelques pas vers le Jura puis changé de route… sans le dire, le cachottier. Dans ce cas pourquoi parler des Séquanes qui n’auraient eu alors aucun intérêt ?  Mille raisons ont été données, aucune ne respecte le texte, toutes torturent la grammaire latine.

  Si nous lisons en français : « Monsieur Dupont monte dans le train », nous comprenons que ce monsieur ne va pas vers le train mais grimpe dedans ; ou encore en lisant « Madame Durand saute à la mer » c’est tout juste si nous n’imaginons pas les éclaboussures. Monsieur Dupond n’est pas dans le train mais y va obligatoirement comme Madame Dupond va nécessairement faire trempette.

  Si nous sommes Romains et lisons en latin « cum Caesar iter faceret in Sequanos » (comme César passait chez les Séquanes), nous enregistrons qu’il y pénètre forcément comme Monsieur Dupond dans le train et Madame Durand dans l’eau.

  Les grammaires latines, toutes les grammaires latines, et les dictionnaires, tous les dictionnaires, vous le diront sous des formes plus ou moins savantes, parleront de verbe de mouvement, de la préposition in et d’accusatif. Tous ces documents qui sont l’essence même de notre connaissance du latin développent à l’envi ce que font naturellement dans leur langue Monsieur Dupond, Madame Durand… et César. Étudiés dans tous leurs coins et recoins ils ne vous apprendront rien d’autre que : César est passé dans le Jura.

  Toutes les grammaires latines ?  Peut-être pas. Michel Reddé invoque la parole du duc d’Aumale. Cette Altesse fort entichée d’Alise-Sainte-Reine prétend que la grammaire Lhomond en usage de son temps permettrait d’affirmer que César ne serait pas passé dans le Jura. Son Altesse commet un gros mensonge : le Lhomond ne permet rien du tout. On peut en être formel pour en avoir contrôlé plusieurs éditions en lieu et place de Michel Reddé, trop pressé sans doute de faire croire à cette interprétation révisionniste, la seule qu’il ait trouvée, bien qu’inexistante. Il est très fort !

  Maintenant plus compliqué, l’inévitable exception qui confirme la règle.

« Monsieur Dupont monte dans le train, rate la marche et reste sur le quai. » ou « Madame Durand saute à la mer, glisse et retombe à plat sur le pont. » Dans les deux cas la construction grammaticale du début reste inchangée (monte dans le train - saute à la mer) mais l’action qu’elle annonce comme obligatoire ne se réalise pas. En effet, une impossibilité est apparue qui a interdit son achèvement normal.

  L’exception est donc la suivante : si l’action est rendue impossible par un événement nouveau ajouté au texte (glisser, rater la marche), l’obligation disparaît. Rien de plus logique ni de plus simple.

  Et en latin ?  C’est exactement pareil !  Les exemples en sont fréquents et César peut très bien quand « il passe chez les Séquanes » rester bloqué par une crue, la grippe ou une escapade à Alise-Sainte-Reine. Tout ceci, comme en français, à une condition absolue : que ce soit un événement nouveau empêchant l’action décrite, événement écrit dans le texte latin lui-même s’il vous plaît, et non dans les savants commentaires en français de non moins savants universitaires bloqués vraiment, eux, à Alise-Sainte-Reine.

  En conclusion, toute l’argumentation fabriquée pour interdire l’accès du Jura à César n’a aucun lien avec la langue latine. A aucun moment César n’indique rencontrer le moindre empêchement pour passer chez les Séquanes. On concède qu’il en avait l’intention mais…  " Mais quoi ?  Il faut un fait établi par le texte lui-même pour qu’il n’y aille pas, et ici il n'y a ni empêchement, ni changement de direction, rien"  Tout ceci n’est qu’œuvre d’imagination de chercheurs déçus mais entêtés.

Il n’y a dans le texte de César aucune possibilité qu’il ait seulement songé à filer sur Alise-Sainte-Reine, ni même qu’il en ait jamais entendu parler. C’est fâcheux pour la Bourgogne mais c’est ainsi.

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