Les étapes scientifiques de la découverte
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  Mais cette topographie si parfaitement conforme aux dires des historiens ne suffisait pas, il fallait également trouver au moins quelques-unes des composantes tactiques : sans vestiges militaires visibles sur le terrain, comment croire avoir trouvé la véritable Alésia antique ?  Début juin 1963, André Berthier fut rassuré par ceux qu’il constata d’abord dans la plaine puis en différents points du site. il s’intéressa particulièrement à la colline Nord.

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  Il n'est jamais venu  aux partisans d'Alise-Sainte-Reine l'idée de créer comme André Berthier, un outil comparant leur hypothèse aux données géographiques disponibles dans les textes antiques. Maintenant que l'outil existe, il ne devrait y avoir rien de plus profitable pour Alise-Sainte-Reine que de montrer grâce à lui sa solidité géographique. Le résultat est évident : mis à la même échelle, l'oppidum Alise-Sainte-Reine n'occupe qu'une partie d'un des angles du portrait-robot et ne présente aucune des caractéristiques nécessaires. Quel commentaire ajouter ?

COMPARAISON ENTRE
L’ OPPIDUM DE CHAUX ET ALISE-SAINTE-REINE
(A la même échelle)

  André Berthier était un savant : il ne suivit aucune des facilités ni des intérêts qui conduisirent Napoléon III et tant d’autres à Alise-Sainte-Reine. Il ne crut pas naïvement non plus en César comme on le lui reproche. S’il se réfère à lui c’est d’abord parce que les Romains eux-mêmes le décrivaient comme étonnamment précis et ne l’attaquaient jamais sur ses descriptions, au contraire ; et la cohérence logique que cette recherche révèle sur le terrain en est une superbe confirmation. Enfin, il sait bien comme nous tous que si les partisans d’Alise-Sainte-Reine lui font le reproche de faire confiance à César, c’est pour défendre leur site : celui-ci ne repose que sur de vagues approximations, jamais sur des correspondances exactes avec les textes. Pour eux, l’alternative est simple : croire en César ou croire en Alise-Sainte-Reine. Ils ont choisi de suivre Napoléon III, André Berthier préféra César et les grands historiens de l’Antiquité.

  Ce qui changea tout, c’est la transformation des données fournies par les textes en esquisse cartographique.   Elle était assez documentée, précise et réaliste pour révéler d’un coup si une colline quelconque avait une chance d’être conforme à ce que nous savons de l’Alésia antique :  un peu comme ces instruments de laboratoire qui détectent la combinaison recherchée quand l’œil ne voit que des entrelacs confus de minéraux ou d’organismes.

Cet instrument d'analyse dissipe toutes les brumes dont on voudrait encore entourer l'Alésia antique pour la déguiser en Alise-Sainte-Reine. Il fait également ressortir en pleine lumière la similitude entre les descriptions historiques et le site découvert par André Berthier dans le Jura.  Peut-on encore de nos jours et même avec tous les nouveaux moyens de recherche trouver méthode plus claire et résultat plus décisif ?

Haut de page Haut de page Haut de page Haut de page Un des nombreux murs au camp nord, semblables aux murs en pierres sèches des grands sièges romains de l'Antiquité

  C’est en effet sur cette colline qu’il  décrit comme mal adaptée pour le recevoir que César avait installé un grand camp de deux légions ; c’est là que les Gaulois, parvenus de nuit à son pied, avaient attendu midi pour attaquer ; là enfin où après un dernier combat acharné ils avaient été vaincus.

  Ne rien y trouver, c’était réduire considéra-blement la portée de la découverte, sinon la réduire à néant. André Berthier y vit tout ce qu’il espérait, non seulement les murs du camp mais aussi tout autour l’exacte topographie décrite par César mais qu’il n’avait pas pu mettre dans son portrait-robot pour rendre l’action des combats. Il n’eut plus de doute.

  Pour l’histoire de la Gaule, une autre épo- que allait pouvoir commencer.

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Comparaison d’Alise et du portrait-robot

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Comparaison d’Alise et de Chaux

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LE PORTRAIT-ROBOT D’ANDRE BERTHIER ET ALISE SAINTE-REINE


 Élément déterminant : César indique le périmètre de l’Alésia antique : une quinzaine de km, indication reprise dans le portrait-robot.

 On voit l’énorme écart entre cette donnée historique et le périmètre d’Alise-Sainte-Reine qui fait au mieux sept Km de tour.

 On comprend donc aisément qu’un site aussi petit ne puisse recevoir les dizaines de milliers d’hommes présents ni les troupeaux rassemblés pour les nourrir.

 Il est tout aussi irréaliste de supposer que César aurait fait dresser autour d’Alise-Sainte- Reine quinze km de contrevallation quand moins de huit auraient suffi, et rajouté vingt-un km de circonvallation !

  On comprend bien pourquoi les partisans d’Alise-Sainte-Reine soutiennent que César a triché sur les effectifs des Gaulois : où mettre 80 000 hommes, leurs accompagnateurs, les charrois, les troupeaux décrits, les milliers de chevaux du début du siège, les habitants à demeure (les Mandubiens)… Et comment faire manœuvrer cette masse coagulée pour l’emmener com- battre de nuit ?

  Comparaison écrasante pour Alise-Sainte-Reine. D’un côté une forteresse naturelle énorme qui bloque le passage, de l’autre cette colline parfois aplatie où les pentes ne sont le plus souvent que des rampes trop douces pour arrêter un assaut : les Romains ont emporté des villes autrement perchées !  Quant à sa plaine ouverte longue de quarante kilomètres et bien faite pour ne jamais pouvoir arrêter une armée, combien de fois ne l'a-t-on pas couchée sur le lit de Procuste pour tenter de la ramener mais en vain, aux quatre kilomètres et demi exigés par César !