L’Alésia du Jura
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  Un menhir anthropomorphe dit « Le menhir du Désert », présente des caractéristiques le reliant aux nombreux monuments à écoulement présents sur tout le site. L’aspect parfaitement poli de son « visage » évoque la possibilité d’un rite de contact (rituel ?  croyance comme on peut en rencontrer encore de nos jours ?). Ce menhir a été gravement endommagé en 2012 et rendu méconnaissable.

  Un autre menhir anthropomorphe remarquable dit « La Déesse Alésia » marquait l’entrée de la ville remparée. Il faisait partie des nombreux « géomarqueurs » qui abondent aux croisements des voies importantes, aux accès de l’oppidum, aux abords des rivières, à l’entrée des gorges… Certains sont des menhirs de taille plus réduite, d’une hauteur de l’ordre du mètre ; d’autres sont constitués d’un assemblage de pierres naturelles aboutissant à une forme géométrique.

  André Berthier désigna ces organisations matérielles selon le nom de leur inventeur, celui de la forme du symbole qu’elles présentaient, le lieu où il se trouvait ou encore selon la fonction qu’elles remplissaient.

  C’est ainsi qu’il nomma « voie sacrée » le chemin disparu qu’il retrouva et dont la fonction sur des centaines de mètres était de desservir une succession de monuments qui ne peuvent être que cultuels. La présence d’une telle voie n’est-elle pas logique dans une métropole religieuse, et le terme même de « voie sacrée » n’aurait-il pas le droit d’être prononcé ici ?

  L’Alésia du Jura peut-elle être la métropole religieuse de toute la Celtique ?  L’affirmation de Diodore de Sicile y trouve au moins de solides confirmations.

  Tout y est : sa dimension d’abord, à l’évidence suffisante pour tenir ce rôle ; les conditions de sa fondation par un peuple ancien élevant tel Heraclès des murs préceltiques dont les pierres sont hors normes de nos jours encore ; une multiplicité de monuments mégalithiques dont on reconnaît maintenant que les Gaulois les réutilisèrent ; le nombre des tumulus et l’importance de certains ; la présence soit cachée soit visible à tous de nombreux symboles de toutes natures ; des espaces organisés en divers lieux pour recevoir des foules, osons le mot, de pèlerins ; une voie traversant d’un bout à l’autre ce qui s’apparente directement au téménos des Grecs…

  Ce sont bien les caractéristiques d’une métropole religieuse qui sont réunies dans l’Alésia du Jura et elles ne sont réunies que là.

L’ALESIA DU JURA
PORTRAIT INCOMPLET MAIS CONVAINCANT DE L'ALÉSIA ANTIQUE

  Le portrait présenté ici est incomplet d’abord parce qu’il se limite aux ensembles les plus parlants d’un site immense, ensuite parce que les fouilles y sont interdites… Et pourtant, quels résultats !

Un site immense dont les réalités sont à l’échelle de l’Histoire

  Il faudrait encore présenter des dizaines d’autres monuments et des centaines de mètres de murs préceltiques ; les traces de remparts qui cernent la ville (leurs vestiges  permettent d'estimer le périmètre à 6 km) ; indiquer le développement complet des trente-six kilomètres des circonvallation et contrevallation romaines avec leurs dispositifs variés ; évoquer les cent détails topographiques déterminants, par exemple le Pré Grillet (à l’est de l’oppidum), la maceria (retranchement gaulois cité par César), les différents camps romains des hauteurs et les voies de circulation les reliant, l'ancien Poste Romain qui figure sur les cartes IGN modernes… Liste quasi sans fin de données réparties sur des milliers d’hectares dont 1 200 pour le seul oppidum et qui toutes militent en faveur de l’Alésia du Jura.

Ce portrait est incomplet aussi en raison des interdictions officielles

  Les institutions archéologiques interdisent toujours que de véritables fouilles scientifiques se déroulent dans l’Alésia du Jura. Quand on voit d’un côté ce que la simple observation du sol a mis au jour et de l’autre les objets proprement archéologiques révélés par les quelques sondages pratiqués, on peut être certain que ce sont encore bien d’autres découvertes qui restent possibles et certaines encore totalement insoupçonnées.

Malgré ces freins administratifs injustifiés, que de résultats probants !

  Le tout premier est que l’Alésia du Jura est un site double, exactement tel que décrit par les historiens et recherché en vain jusque là. Il combine en effet un oppidum et une vaste plaine située à la bonne distance où les cavaliers gaulois se heurtèrent aux cavaliers romains et germains alliés de César. Aucune trace de cette plaine à Alise-Sainte-Reine malgré 150 ans de recherche, des dizaines d’hypothèses rejetées par leurs propres auteurs et, géographiquement parlant, aucune, mais absolument aucune possibilité d’en inventer une. Question « irritante et insoluble » (E. de Saint Denis, grand spécialiste d'Alise-Sainte-Reine), comme on dit là-bas.

  Malgré l’interdiction des fouilles, le voisinage dans le Jura de ces deux structures à la fois géographiques et humaines constitue l’ensemble idéal de l'Alésia antique  

  Non moins frappante est la correspondance extrême entre les descriptions des historiens de l’Antiquité et la réalité physique de l’Alésia du Jura : dimensions, relief vertical, rivières, plaine de 4 500 mètres, route barrée par la citadelle, colline au nord, tout est là.

  Et que dire du camp Nord !  Dans l’Alésia du Jura, il impose sa masse comme le pivot des derniers combats. A Alise-Sainte-Reine, les fouilles récentes concluent qu’il n’existe pas, qu’on ne sait pas où il pourrait bien être mais on le trace sur les plans et on y reconstitue les combats. Est-ce crédible ?

  Enfin, le rôle de métropole religieuse de l’Alésia du Jura est au moins des plus vraisemblables et la toute récente reconnaissance officielle que les monuments mégalithiques ont bien été réutilisés par les Gaulois donne aux travaux d’André Berthier dans ce domaine un retentissement nouveau.


  Citadelle imprenable d’une taille exceptionnelle remontant aux temps mégalithiques, pourvue des remparts herculéens annoncés, placée sur la route indiquée par César à la sortie de la Gaule, entourée d’ouvrages militaires que les textes et les objets découverts affirment romains, Comment cette citadelle imprenable d’une taille exceptionnelle remontant aux temps mégalithiques, pourvue des remparts herculéens annoncés, placée sur la route indiquée par César à la sortie de la Gaule, entourée d’ouvrages militaires que les textes et les objets découverts affirment romains, ne serait-elle pas l'Alésia antique ?

Et pourquoi refuser les fouilles scientifiques et libres qui s’y imposent ?

Il n’y a pas de réponses mais chacun peut en imaginer.

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-« Le menhir du Désert », monument à écoulement, partiellement anthropomorphe. Le « visage » poli du « menhir du Désert ». Gravement dégradé en 2015 Menhir anthropomorphe dans l' Urbs

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  Il y eut des esprits chagrins pour critiquer plus qu’ironiquement les noms donnés par André Berthier aux monuments et symboles cultuels qu’il étudia. L’expression « voie sacrée » évoquant immédiatement Delphes et le trajet parcouru par les pèlerins à l’intérieur même de la zone consacrée (téménos) ne pouvait être pour eux qu’une usurpation particulièrement déplacée.  

  Or dans l’Antiquité grecque l’appellation « voie sacrée » (iera odos) s’appliquait à des itinéraires religieux extérieurs au téménos comme par exemple d’Athènes à Eleusis ou d’Elis au site d’Olympie, et naturellement aux différents chemins d’accès de Delphes mais jamais à l’intérieur du téménos.

  C’est en 1889 que l’archéologue allemand H. Pomtow imagina de nommer « voie sacrée » une chaussée paléochrétienne réalisée dans le téménos. L’usage s’imposa bien que H. Pomtow lui-même ait au début entouré son expression de guillemets, reconnaissant ainsi son côté artificiel et anachronique. Cette sublime mais fallacieuse désignation fut depuis reprise en cœur par tout archéologue et historien, nouvelle preuve du côté institutionnel moutonnier ordinaire, semblable à ce que nous voyons à l’œuvre chaque jour à Alise-Sainte-Reine.

  Les fouilles de 1939 puis une étude de 1977 prouvèrent et réfutèrent cet abus de langage. Il n’y a donc pas, il n’y a jamais eu de voie sacrée à l’intérieur du téménos de Delphes et le terme est, si l’on ose dire, libre de droit.

  En mettant une voie sacrée dans la zone cultuelle de son Alésia, André Berthier n’usurpait rien : par une simple et classique extension de terme il attirait spectaculairement l’attention sur la non moins spectaculaire densité de ces monuments, unique en Gaule. Des fouilles complémentaires et systématiques (toujours interdites) devraient assurer cette interprétation.

  Ceci fait, et maintenant que l’existence de mégalithes celtes est reconnue, il faudra demander alors aux esprits chagrins si on ne devrait pas nommer téménos celte la zone découverte par André Berthier et parcourue dans sa totalité par une seule voie de desserte.

Source : Offrandes monumentales à Delphes – Anne Jacquemin - Bibliothèque des écoles françaises d’Athènes et de Rome, fascicule 304, 434 pages- Dépositaire De Boccard, Paris (pages 16 à 19).

VOIES SACREES ANTIQUES
De Delphes à l’Alésia du Jura