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A la recherche d’une preuve
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II – ALISE SAINTE-REINE ET LA BATAILLE DE CAVALERIE

  C’est à tel point qu’un des plus grands défenseurs d’Alise-Sainte-Reine, E. de Saint-Denis le reconnaît : « De nombreuses localisations ont été proposées tout autour [d’Alise-Sainte-Reine]. Nous n’avons pas à discuter ce problème, irritant et insoluble, tant que des vestiges n’auront pas été exhumés par les archéologues. ».

 On ne saurait être plus clair : l’irritante question est insoluble et on attend un miracle.




Un dernier effort - Actuellement (2015) c’est le site de Fains-les Moûtiers, près de Montbard, qui est présenté par Christian Goudineau comme la solution.

  Montbard est encore plus à l’ouest qu’Alise-Sainte-Reine. Pour retenir cette région il faut oublier Langres, la route de Genève et le Jura et faire un large détour. Christian Goudineau ne parle de rien de tout cela. Il préfère se fabriquer un itinéraire à son idée.

  Pour suivre cet itinéraire, il faudrait que les Romains stationnent longuement en terrain ennemi puis traversent plusieurs tribus gauloises révoltées, sans ravitaillement possible ; c’est à coup sûr plus qu’improbable. Ils doivent aussi rester loin de leurs alliés Lingons, et ne pas tenir compte de Dion Cassius qui dit, lui, que César est allé chez les Lingons.

  Qu’à cela ne tienne !  Pour tenir compte des Lingons, Christian Goudineau les déplace sur la carte et les met froidement sur la route qu’il a définie arbitrairement pour César. Du coup Langres, leur capitale, qu’il n’ose pas bouger parce que cela se verrait trop, n’est plus chez eux !  Christian Goudineau n’en a cure, n’en parle pas et conduit les Romains d’une main sûre près de Montbard, à Fains-les-Moutiers, pour la grande embuscade gauloise. Nouvelles invraisemblances.  

  Car près de Montbard, les Romains sont supposés suivre l’Armançon entre Buffon et Athie par une vallée encaissée entre des collines qui la domine d’une centaine de mètres. Le lieu serait propice à une embuscade, à condition que celle-ci ne repose pas entièrement sur une énorme cavalerie (15 000 hommes) qui ne peut pas se déployer utilement dans cette vallée.

  Ce sont donc les Romains qui attaquent et grimpent à l’ouest sur la colline où se trouveraient ces cavaliers Gaulois qui se refuseraient à descendre. Pour une belle embuscade gauloise, c’est une belle embuscade gauloise !  Notons au passage que pour ce faire les Romains devraient franchir l’Armançon, péripétie fluviale que César ne relate pas (il précise le contraire).

  Et le couronnement, c’est l’arrivée des Germains déboulant de l’ouest dans le dos des Gaulois alors qu’ils marchent avec les Romains à l’est.

  Itinéraire hors sujet, tribu gauloise déplacée perdant sa capitale et déroulement insane des combats sont autant d’invraisemblances. Voilà pourquoi Jean-Louis Voisin, autre notabilité d’Alise-Sainte-Reine juge-t-il en ces termes le choix de Fains-les-Moutiers par Christian Goudineau: « L’emplacement de cette bataille de cavalerie n’est toujours pas assuré. Le site de Fains-les-Moutiers pourrait présenter quelques arguments. » - Si ce n’est pas un enterrement de première classe…

  En conclusion, il n’existe à ce jour aucun site autour d’Alise-Sainte-Reine.    

  Or ce qu’on recherche ce ne sont pas des vestiges plus ou moins discernables sous le sol, c’est au contraire quelque chose qui devrait être très visible  : une grande plaine à une quinzaine de kilomètres d’Alise-Sainte-Reine, avec une importante rivière et une colline placées dans les conditions précisées par César.

  Et il faudrait que ce vaste emplacement toujours inconnu apparaisse un jour là-même où les chercheurs passent et repassent depuis un siècle et demi sans le voir ?  La chose est difficile à croire. S’ils ne l’ont pas vu, c’est qu’il n’existe pas.

  Cette Alise-Sainte-Reine présentée comme étant presqu’à coup sûr l’Alésia antique est privée de son complément topographiquement et historiquement nécessaire pour justifier cette prétention et il n’y a manifestement aucune chance qu’il apparaisse un jour.

  La preuve tant recherchée n’existe pas et n'existera donc jamais à Alise-Sainte-Reine.

III – LA COMBE D’AIN ET LA BATAILLE DE CAVALERIE

Derrière la rivière, l’infanterie gauloise dispose d’une place considérable qui puisse la recevoir et permettre un repli direct sur l’Alésia d’André Berthier.

  Comme tous les historiens travaillant sur ce sujet André Berthier se trouva dans l’obligation de rechercher un emplacement pour la bataille de cavalerie, satellite obligatoire du site principal qu’est le lieu du siège. C’est ainsi que son attention fut attiré par La Combe d’Ain, située sur l’une des voies d’accès du Haut-Jura.

A - Topographie du nord de la Combe d’Ain (à l’ouest de Champagnole)


L’examen de la partie centrale  de La Combe d’Ain fait apparaître une conformité saisissante entre elle et les données du texte de César:

  Tout le texte de César est là.

  Ajoutons que la plaine est traversée par la voie celtique puis romaine Langres-Tavaux-Poligny-Genève nécessaire aux charrois d’une armée. Des restes de cette voie sont visibles sur la côte de l’Heute (signalés ‘’voie Romaine de Pointat’’ sur la carte locale de l’I.G.N.).

  Il n’y a besoin d’aucune autre indication pour constater combien le Nord de la Combe d’Ain correspond au champ de bataille recherché. Ceci est confirmé par le déroulement du combat : ses péripéties trouvent immédiatement leur place dans ce relief.

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  Cela fait maintenant plus d’un siècle et demi qu’on s’acharne à trouver cette plaine à Alise-Sainte-Reine. En vain. Ses partisans espèrent toujours la découvrir un jour. C’est un vœu pieux : une grande plaine ne pouvant se cacher dans le paysage comme une aiguille dans une botte de foin, voilà Alise-Sainte-Reine bien en peine de prétendre être un site double. A ce seul titre, elle est en bien mauvaise posture. On peut même dire condamnée.

  Condamnée à n’être que le site d’un ou de plusieurs sièges postérieurs ce qui ne contredirait pas les fouilles qui y ont été effectuées, une fois éliminées les nombreuses « maladresses » constatées.

  Il n’y a pas besoin de plus ample examen pour affirmer que l’Alésia du Jura, et elle seule, compose avec cette plaine un site double dont l’évidence vaut preuve.

 Signe de grand embarras, des dizaines de sites (moins de cent quand-même - pour l’instant), ont été proposés autour d’Alise-Sainte-Reine pour placer le combat de cavalerie. Il y en a partout, sur les itinéraires les plus improbables et à des distances infranchissables en quelques heures. Voici les plus notables, tous imaginés par les grands noms d’Alise-Sainte-Reine, tous inadaptés et ils seraient tous oubliés si des gens avertis n’en tenaient le compte minutieux et distrayant.

1 - Prauthoy - L’idée de Napoléon III. Site bien adapté mais tellement loin… Totalement abandonné.

2 et 3 - Au nord de Dijon. C’étaient les idées successives et indécises de Camille Jullian. Trop éloignées toutes deux.

4 et 5 - Soit au nord de Dijon (trop loin), soit… tout à l’opposé à l’ouest de Montbard avec rien qui puisse convaincre. C’étaient les fluctuantes idées d’Albert Constans.

6 et 7 - Les sources de la Coquille ou Baigneux les Juifs. C’étaient les idées flottantes et vite oubliées de Jérôme Carcopino.

8 - Gigny, dans l’Yonne. Il fallut inventer un itinéraire très curieux pour que César y parvint et c’est de toute façon trop loin. C’était l’idée d’Emile Thévenot.

9 - Quelque part du côté de Montbard. On n’est pas plus précis. C’était la première idée de Christian Goudineau.

10 - « Probablement au nord-ouest de la ville actuelle de Montbard ». Probablement ou pas ?  Ce concept scientifique est partagé par MM. Grapin et l’auteur anonyme des panneaux du MuséoParc.

11 - Fains-les-Moutiers, près de Montbard, est la dernière idée de Christian Goudineau, déjà plus qu’à demi enterrée par ses amis.

  Très mauvais signe : le silence de Michel Reddé sur le sujet. Il faut vraiment que la situation soit désespérée pour qu’il reste muet devant une impossibilité d’Alise-Sainte-Reine.

  Remarquons aussi la fréquence du recours à Montbard : le trajet Langres-Genève par Montbard, ce n’est pas une retraite, c’est un égarement. Et puis il faudrait que cette ville soit proche de l’Italie et marque la sortie de la Gaule.   Égarement général.